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Au commencement était le coup de bâton

Burlesque, violence et empathie

Le 10 novembre 2017, Simon Quéheillard était l’invité ds Cinémas 93 pour une conférence diaporama d’après le film De commencements en commencements. La voici dans son intégralité au rythme d’une déambulation, le vent du burlesque dans le dos.

Cette conférence-diaporama, d’après le film De commencements en commencements, est issue d’une recherche en cours. Autre nom du cinéma burlesque, le Slapstick, en anglais, signifie coup de bâton. Il se dit d’un genre de comédie impliquant une part de violence physique volontairement exagérée. Aux États-Unis, on dit aussi Knockabout Comedy, qui signifie maltraiter, brutaliser. Cette recherche, au croisement de l’histoire sociale et du cinéma, s’attache à décrire ce que pourrait être une comédie de la maltraitance, et la fonction du rire comme brimade sociale.

Le film De commencements en commencements se présente comme une fable. C’est l’œuvre initiale, le premier support à partir duquel se base ma réflexion. La conférence est ensuite structurée à partir de 11 diapositives intercalaires entre lesquelles se déroule mon propos. Elles procèdent volontairement d’un matériau hétéroclite : 3 d’entre elles sont du texte ou des citations, 4 sont issues de l’histoire du cinéma, 2 sont journalistiques, 1 graphique et 1 collage-photo.

De Henry Bergson à Bruce Springsteen, de Benny Hill à Clichy-sous-Bois : les diapositives de la conférence sont une illustration (ou incarnation) des différentes histoires que pourrait raconter le film. Ce film (non narratif) n’anticipe pas l’histoire qu’il pourrait raconter. Mais pour autant, toutes les histoires ne sont pas possibles à son sujet.

Le fil conducteur de cette conférence-diaporama se noue à travers la question Burlesque, violence et empathie, et plus précisément à partir de la violence fondatrice, qui est ce qui fonde la présence d’un corps étranger au contact de tout système d’intégration. C’est le « nouveau » comme on dit à l’école, ou encore la pratique du bizutage, la figure du vétéran ou de l’immigré. Une conférence à la rencontre du cinéma et de sciences sociales.

J’aime la parole et sa pratique comme une chose en soi, qui n’est pas non plus la forme dégradée d’un texte. Toujours un peu semi-improvisée (malléable et souple), elle est une manière d’élaborer sa pensée à ciel ouvert. J’ai décidé de ne pas lire un texte, ce qui me libère du format introverti et solitaire de la pratique littéraire.

Extraits du diaporama

Le film De commencements en commencements renoue avec un geste primaire où le personnage s’encastre dans des boîtes en carton.

Le film « De commencements en commencements » renoue avec un geste primaire où le personnage s’encastre dans des boîtes en carton.

 

Un sceau d’eau sur la tête : un archétype du gag burlesque, comme la baffe, le chute ou le coup de bâton. Ici, le film Astray from the steerage, de Mack Sennett, en 1921.

 

Double matraque pour Buster Keaton. Le film Cops (1921) présente magistralement le genre Slapstick. Dans une veine tragi-comique, le film décrit une course poursuite avec la police. Il nous mène ainsi de l’exubérance de Benny Hill aux évènements tragique de Clichy-Sous-Bois qui vit la mort de deux jeunes adolescents, en 2005.

 

Slapstick Loi travail, France, 2016.

 

Diagramme du film De commencements en commencements. Il mesure la courbe d’empathie dans la relation au personnage, selon que l’on se place du côté de la moquerie (comique) ou de la représentation de la douleur (tragique). Une troisième zone (non prise en charge ici) est une zone de sortie, de désinvestissement, appelée aussi distanciation.

 

Le chapeau (archétype burlesque), prolongement du corps ou accessoire, est le point de départ d’une gradation, passant du parapluie à la valise (sorte de maison portative), jusqu’au vaste monde.