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Sur la saison 2017/2018, Anne Collod, chorégraphe et membre du collectif Dingdingdong, est en résidence au collège Marie-Curie des Lilas avec Khiasma dans le cadre du dispositif «La Culture et l’Art au Collège». Elle a accompagné les 5e4 du collège dans une exploration joueuse et attentive de leur corps en mouvement.

Le premier temps de la résidence au collège Marie Curie avec les 5e 4 était un atelier d’écriture qui a couru de semaine en semaine, sous l’hospitalité de leur professeure d’anglais, Mme Hoang. Ici, les élèves ont examiné le rapport qu’ils entretiennent avec leur corps autour du projet d’en faire un portrait. Ils ont essayé d’en identifier les forces et les singularités. Ils se sont pour cela attelés à en faire une description par petites touches en essayant d’avoir de l’attention pour chaque morceau de soi, le regarder pour lui-même pour mieux le ressaisir: le dos musclé, la paume de la main douce, le genou blessé. Un inventaire qui s’est placé dans le sillage de la précieuse chanson de Nina Simone Four Women.

L’atelier a également été l’occasion de décrire son corps en mouvement. Afin que leur corps ne leur soit plus donné comme quelque chose d’évident et d’impensé, Anne Collod a incité les élèves à retrouver un rapport d’étrangeté avec lui. Leurs efforts d’écriture se sont engagés à restituer la mise en mouvement dans son dépliement enfoui, secret ou méconnu. Ce travail difficile a donné lieu à des surprises : une élève a livré une véritable phénoménologie du repos, identifiant avec patience sa façon de se disposer physiquement au sommeil. Un autre a déroulé muscle après muscle les coups qu’il porte dans sa pratique du Viet Vo Dao. Un dernier a décrit sa manière habile de dérober le ballon à son adversaire au football.

Atelier d’écriture accueilli par l’Espace Khiasma, mars 2018

Le deuxième temps de la danse s’est joué au gymnase, sous l’égide d’Anne Collod et de leur professeur d’éducation physique et sportive, M. Karoutchi. Au fil des semaines, les élèves ont chacun imaginé et conçu une phrase chorégraphique comme un autoportrait dansé, qu’ils ont rejoué et affiné sous les yeux de leurs compagnons de travail. Ces derniers ne se sont pas contentés d’observer : les élèves se sont filmés les uns les autres en train de danser : chacun a choisi un compagnon dans le regard duquel il a déposé sa confiance pour qu’il tourne les images de sa chorégraphie.

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Ce jeu avec l’image leur a permis de se découvrir en mouvement, de reconnaître et de préciser leurs gestes, mais aussi de se regarder eux-même comme des personnages, d’apprendre à s’adresser à une caméra en mobilisant distance, humour et parodie. Et lorsque, caméra au poing, ils se sont mis au service de leur complice danseur, ils ont appris à construire une mise en scène, à s’approprier le vocabulaire de la réalisation, à expérimenter des effets.

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Comment faire son portrait chorégraphique ? Une des pistes saisies par les élèves était de réactiver les pratiques corporelles qui les occupent par ailleurs : danse classique, pingpong, arts martiaux, football… Alors que certains puisaient dans un vocabulaire strictement chorégraphique, d’autres ont emprunté leurs gestes ailleurs : qu’est ce que la chute, la simulation d’une blessure au football, un smash au pingpong offrent comme possibilités chorégraphiques ?

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Comment passer d’une pratique martiale à une danse ? Comment construire du rythme à partir d’une bagarre, et identifier, sélectionner, rejouer, styliser cette gestuelle ? Certains se sont placés à la lisière du théâtre physique en rejouant par la danse des situations de conflits sportifs.

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Le troisième temps de travail, toujours au gymnase, a été le temps du collectif. Après l’exploration individuelle, comment réintégrer le groupe? Le défi qu’a adressé Anne Collod aux élèves est celui-ci : dans une situation collective, où les relations interpersonnelles sont démultipliées et enchevêtrées, comment avoir conscience de sa présence dans un groupe, comment être attentif, mais aussi faire confiance et accepter de se laisser porter par les autres? En partant du jeu du chat gelé, où l’on court pour échapper à un chat qui nous fige s’il nous touche, la classe au grand complet s’est exercée à passer de la course à l’immobilité la plus complète.

Scène de chat gelé au gymnase du collège Marie Curie, image d’Oscar Michal, avril 2018

Les élèves courent, esquivent, se glacent, se poursuivent, et s’organisent également pour porter certains d’entre eux, tandis que d’autres filment les joueurs, en se plaçant dans le sillage des chats, en tournant autour des personnes figées, captant à la fois le mouvement accéléré des courses des uns et l’immobilité des autres, en nous rendant sensibles à tout un nuancier de rythmes.

 

Scène de chat gelé au gymnase du collège Marie Curie, image d’Oscar Michal, avril 2018

 

Dansant et filmant tour à tour, alternativement exposés et spectateurs : les 26 élèves encadrés par Anne Collod se sont ainsi aventurés à manipuler l’image qu’ils donnent d’eux-même, et à tourner autour de cette énigme.