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Au cœur du festival RELECTURES, la Nuit Blanche a pris la forme d’une occupation de 24 heures de l’Espace Khiasma du samedi 7 ou dimanche 8 octobre, de midi à midi, en compagnie du collectif π-node et de nombreux invités qui ont peuplé de performances, lectures, conversations et lives, un voyage sur les ondes radio hertziennes du proche au lointain.

Ce temps fort a accordé différentes propositions à l’Espace Khiasma, mais aussi dans ses alentours à partir de radio mobiles hertziennes conçues par π-node : des dérives psycho-géographiques locales, des conversations et des performances associant des questions post-coloniales, de genre, de formes de vie minoritaires et des propositions live attachées à la parole, la radio et la matérialité du son. Voici un aperçu de ce qui s’est dit, joué, écouté, échangé…

Photographies: Romain Gœtz

 

Pour ouvrir le bal, ce sont les voix de Louise Buléon Kayser et Aminata Labor qui nous présentaient le groupe de discussion « La Permanence », problématisant ainsi la question raciale dans le milieu de la danse.

Aminata Labor et Louise Buléon Kayser


 

Par la suite Sophia Djitli, performeuse et poétesse, Yasmina Kebbab, doctorante d’anthropologie et militante, Olivier Marboeuf, performer, curateur, producteur, et Béatrice Rettig, artiste et militante, ont ensemble réfléchit à défaire les genres de l’intervention :

« La radio un très bon moyen de donner un support réflexif à la construction des situations relationnelles, de façon plus sensible que d’habitude, puisque son dispositif donne une matérialité à la construction des situations relationnelles et permet justement de défaire les genres de l’intervention et de passer à des registres de parole très différents les uns des autres : la conférence, l’entretien, le récit, etc. Et de là, comment on peut faire varier tous ces genres et modifier les situations relationnelles pour arriver à quelque chose qui prend d’autres sens politiques que ceux auxquels on a affaire tout le temps. »

Sophia Djitli, Yasmina Kebbab, Olivier Marboeuf et Béatrice Rettig

Poursuivant le chemin du 7 au 8 octobre, quelque part entre midi et midi, Magali Daniaux et Cédric Pigot.

Magali Daniaux, The Diluted Hours

«Avec The Diluted Hours, nous sommes plongés dans le cœur/corps sismique de l’intentionnalité des artistes : la mutation symbolico-esthétique d’une science-fiction fantastique qui se fait le démiurge du naufrage de notre temps. Annonce prophétique de la catastrophe qui loin de la morbidité irradie le spectre d’une imagination des possibles de nos luttes futures. Mais là où il y a danger croît aussi ce que sauve. La dissection de nos maux se fait le miroir d’un corps neuf dont nous nous devrons d’être les architectes insolents.» Philippe Boisnard

Cédric Pigot, The Diluted Hours

Puis Charles-Henri Despeignes pour un storytelling perdu dans la nuit; un collage, « réalisé dans l’urgence, en échos à celle qu’il y a à prendre la parole et à agir face à cette Marche forcée, en échos à l’instinct nécessaire au corps-à-corps. Il ne témoigne pas d’une perfection sonore mais d’un geste brut et instinctif. Ici, l’ensemble des sons proviennent des internets, du monde entier, car dans ce monde globalisé, l’effet papillon est une réalité, une totalité. »

 

Toujours dans la nuit, avec les lectures du collectif Blacks to the Future, on entendait : l’une des meilleures version performée du poème « Passionnément » de Ghérasim Luca par Nadir Khanfour, un potentiel début de thèse autour de l’afrofuturisme par Mawena Yehouessi, des poèmes sensuels de Tarek Lakhrissi ou encore parmi d’autres, les mots acérés de Casey et de La Rumeur lu par Josèfa Ntjam. Une ronde de mots pour en beauté traverser le changement horaire. 

Mawena Yehouessi

Nadir Khanfour

 

Nous avons ensuite écouté Audrey Carmes et Alice Peynaud, guidées par Henri Michaux et Rainer Maria Rilke dans leur errance à travers le Gévaudan, de jour comme de nuit.


 

Plus tard dans la nuit, Dragon, une pièce sonore d’Arié Bensabat et Deborah Gutmann, où une dessinatrice tombe amoureuse de son modèle.


Ainsi qu’une lecture de « Journal de la fille qui cherche Egon Bondy » par Emma Loriaut-Clauss accompagnée par Julien Clauss au synthétiseur modulaire.

Emma Loriaut-Clauss et Julien Clauss

Enfin au petit matin, pour les rescapés de cette longue nuit blanche, Farewell Over Tears, adieu sur une performance musicale de Marin Esteban, avec sa guitare sous delay.

Les radio mobiles hertziennes conçues par π-node ont permis tout au long de cette nuit blanche d’investir les rues et plusieurs lieux emblématiques des Lilas :