Cette année, le festival RELECTURES 15 a choisi pour thématique « le document ». Il s’agira, dès lors, d’éprouver et de questionner le document dans sa capacité à trouver une forme et à devenir un « document poétique ». Nous verrons comment des artistes – plasticien, poète, performeur – s’emparent de cette problématique et effectuent cette conversion, produisant des documents poétiques pour les mettre en voix.

« Il n’est pas de document de culture qui ne soit en même temps un document de barbarie. »
Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire

Le document (vecteur de la pensée, support de sa conservation et de sa transmission, permettant une circulation de l’information nécessaire à l’exercice du pouvoir et au fonctionnement des institutions…) est constitutivement lié à la société dont il émane. Mais, par cette remarque, Walter Benjamin dit moins l’ambivalence du document lui-même que celle de la pluralité des lectures dont il peut faire l’objet.

Formalisation matérielle, fixe, permanente et cumulative d’une mémoire de données, Robert Escarpit, dans sa Théorie générale de l’information et de la communication, qualifie ainsi le document d’« anti-événement » car il conserve la trace de ce dernier pour en rendre la lecture disponible à travers le temps. Le document est donc le contraire de ce qui advient, et c’est à cette condition qu’il serait susceptible, selon lui, de construire un savoir.

Le festival RELECTURES 15 fait le pari contraire, puisqu’il s’agit de le remettre en jeu dans l’ici et maintenant de la performance. Que les documents prennent sens dans la tension d’un corps catalyseur et d’une mise en récit, qu’ils soient l’outil d’une « relecture » du monde déployée dans l’instant présent.